La Triumph TIGER TR7
1979 d’Antoinette
QUAND, POURQUOI , COMMENT :
Après avoir
roulé quelques années en Harley, Antoinette a finalement revendu celle-ci
afin de pouvoir s’acheter sa Triumph Tiger en novembre 1998, et devenir
ainsi elle aussi, membre de l’AMC. Avec JP-P, nous sommes allés la
chercher à Nantes, 2 jours de voyage, 1700 km aller-retour.
Au moment
de l’achat, cela faisait déjà quelques mois qu’Antoinette était en quête
d’une Triumph Tiger, ( aucune à la vente à cette époque ) Elle ne voulait
pas ( un peu influencée par nous il est vrai ) une Bonnie, mais bien une
Tiger, pour sa plus grande facilité d’utilisation et sa souplesse bien
supérieure grâce à son mono carbu. Elle avait également ( sans être
influencée cette fois ), une idée bien arrêtée sur le look final qu’aurait
sa machine. Ceci explique pourquoi nous sommes allés si loin pour la
trouver et aussi pourquoi nous n’avons pas été très regardants sur
l’aspect général de la moto.
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Il n’y a
malheureusement que 2 ou 3 photos papier plus ou moins bien scannées de la
moto au moment de l’achat, aucune pendant les travaux, il faudra donc vous
contenter des descriptions et des photos de la machine finie, mais sachez
quelle était dans un état très moyen, apparemment juste remontée à la ‘’
va vite ‘’ en vue de la vente.
Donc, il
s’agit à la base d’un modèle de transition entre les années 79 et 80.
Allumage électronique Lucas, négatif à la masse, gros tableau de bord (
celui avec tous les voyants et la clé au milieu ), mais avec encore par
exemple l’étrier arrière en bas du disque, ainsi que d’autres détails de
montage typique des modèles antérieurs à 1979.
Lors de
l’achat, elle était équipée de pots italien Busso, de plaques d’alu en
lieu et place des caches latéraux, de quelques bouts de fils faisant
office de circuit électrique et d’un guidon made in Taiwan. Voilà d’un
premier coup d’œil ce que l’on pouvait voir.
Après un
court essai dans le centre de Nantes, elle nous a paru tourner rond,
quoiqu’un peu molle. Mais bon on n’avait pas fait 1700 km pour rien, donc
on l’a prise. De toutes façons, on allait l’ouvrir ! |
Retour à
Aubenas samedi soir, et lundi soir il n’y avait déjà plus deux pièces qui
tenaient ensemble. Le démontage a eu lieu en un temps record. Encore une
fois, notre habitude à l’AMC de démonter toutes les occases que nous
achetons, allait être payante.
DE TOUTES FACONS, ON ALLAIT L’OUVRIR !
L’intérieur
du moteur, c’était Beyrouth, en pire !!. Coussinets de bielles au tas,
pistons itou, tiges de culbus tordues et ayant ,au vu des traces, déjà
plusieurs fois sauté ( ce qui dénote un entretien négligé…), arbres à
cames tout ronds ( d’où la certaine mollesse lors de l’essai ), chaîne
primaire out, embrayage de même, soupapes, sièges et guides bons pour la
poubelle. Il n’y a que la boite où tout est nickel. Il a même fallu un
grattoir pour enlever l’excédent de pâte à joint a l’intérieur du moteur !
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Pour la
partie cycle, il en allait de même, du métrique un peu partout souvent
d’un diamètre inférieur aux vis d’origine. C’est vrai que selon les
endroits cela ne prête pas à conséquences, mais nous considérons quand
même cela comme une hérésie, quand il suffit d’un coup de fil ou d’un mail ( nous
vivons une époque moderne ) pour avoir toute la visserie anglaise
originale ! Il y a d’autres endroits comme par exemple la fixation du
disque arrière avec la couronne enserrant le moyeu, où nous avons trouvé
des vis de 8 à la place des 9.65. Là, c’est carrément anti-mécanique, j’en
veux pour preuve les trous de la couronne et du moyeu qui étaient
complètement oblonisés…Le vendeur se disait mécano tout de même !!!!!
Si on avait
fait rouler cette moto comme ça, on serait rapidement allé au devant de
plein de petits pépins et sûrement une grosse casse mécanique pour finir. |
BEYROUTH EN MIEUX !!
Le remontage
du moteur s’est fait dans les règles. Que des pièces neuves avec les bons
jeux fonctionnels et couples de serrage appliqués aux bons endroits. Pour
la culasse, comme tout était à changer, on l’a équipée pour être
compatible avec le sans-plomb. L’allumage Lucas a été remplacé par un
Boyer, plus fiable et surtout moins enclin à faire percer les pistons. Par
la même occasion, on a changé l’ersatz de circuit électrique par un neuf
de 78 avec le positif à la masse, ainsi que le stator que l’on a passé en
deux fils au lieu de trois, le tout avec une vraie cellule redresseuse et
une diode Zener, dans son radiateur, sous le phare. Au final nous avions
donc un moteur entièrement neuf, mais en deuxième côte vilo et cylindres.
En ce qui
concerne la partie cycle, on aurait pu se contenter d’une restauration
simple, c’est à dire d’arranger juste ce qui n’allait pas, c’était sans
compter avec Antoinette qui voyait déjà comment devait être sa moto.
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C’ETAIT SANS COMPTER AVEC ANTOINETTE
Le tableau
de bord énorme des modèles après 80, a été remplacé par ceux en vigueur
entre 71 et 78 qui laisse libre la vue sur le magnifique phare chromé,
changé lui aussi pour un modèle plus ancien avec voyants et ampère-mètre
incorporés.
Exit le
réservoir européen de 18 litres, remplacé par un 16 litres de 71 aux
formes plus rondes sur lequel on a installé le porte-paquets typiquement
Triumph des années soixante. Idem pour la housse de selle changée pour une
64 avec le dessus gris. La mousse intérieure à du être passablement
modifiée au passage pour s’adapter à la nouvelle housse. Le gros feu
arrière, remplacé par une plaque feu de 68, continue sa carrière sur la
T150 d’Hervé ( restauration AMC également, voir sur le site ).
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Les caches
latéraux inexistants à l’achat, sont maintenant des copies de 68/69 et le
gros filtre à air, supprimé pour un camembert. Les gardes-boue ont été
déchromés, les divers trous devenus inutiles, bouchés à la soudure pendant
que d’autres sont repercés pour la plaque arrière et les deux tringles
supérieure avant. Puis comme le réservoir, ils ont été peints en gris et
noir. Avec la bande noire de ½ pouce de large s’il vous plait ! et des
filets de séparation gris anthracite ( je ne sais pas si cela ressortira
sur les photos ).
Les pots
Busso continuent eux aussi leur carrière ailleurs, en l’occurrence sur la
500 Laverda d’une copine, ils sont avantageusement remplacés par des
saucissons, spéciaux pour T140 ou Tiger TR7, avec leurs tubes d’entrée
plus longs pour laisser passer le kick, le bruit et le look y gagnent
beaucoup.
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Après deux
mois et demi de travail, voilà le résultat. Les photos sont bien-sûr
récentes, il vous faut donc imaginer la moto telle qu’elle pouvait être 4
ans et demi plus tôt avec 30000 km de moins.
Certains
puristes vont sûrement hurler au crime de lèse-majesté en voyant ce
mélange d’époques, je peux les comprendre et il va de soit que si cette
machine avait été complète et en bon état au moment de l’achat, la
démarche aurait peut-être été différente.
Il n’en
reste pas moins que telle qu’elle est, cette moto convient parfaitement à
sa propriétaire, qui au final respecte l’esprit de Triumph qui aurait très
bien pu sortir une moto ressemblant à celle-ci dans le milieu des années
70.
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CONVIENT
PARFAITEMENT A SA PROPRIETAIRE
Pour
remplacer mon Sportster Harley avec lequel j’avais passé quelques très
bons moments, je
voulais une anglaise
simple, facile à utiliser et surtout à démarrer… Après en avoir discuté
avec les copains du club, on est tous tombés d’accord pour une Tiger.
Avec le
recul, même s’il est toujours douloureux de se séparer d’une moto, je ne
regrette pas du tout mon achat : c’est une moto très agréable à piloter
J’appréhendais un peu le démarrage au kick, moins confortable que celui au
démarreur, mais avec une Tiger il est quand même assez facile et même s’il
m’arrive encore quelquefois de la ‘’louper’’, je trouve que la noblesse du
geste compense largement le reste…
Malgré sa
hauteur de selle un peu limite pour ma taille, sa légèreté est très
appréciable lors des manœuvres à l’arrêt.
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Sur route,
tout est douceur, la moto répond très bien à la moindre sollicitation de
l’accélérateur qui est bien moins dur à tourner que sur une Bonneville par
exemple, et avec l’embrayage qui est très souple lui aussi (il paraît que
cela vient de la plaque d’appui SRM ) le passage des vitesses se fait
complètement oublier.
Quand nous
roulons en groupe avec le club, je ne participe pas aux ‘’ tirage de
bourre ‘’ qui ne manquent pas de se produire sur certains parcours
sinueux, moi ce que je préfère, se sont les routes avec des virages ou des
courbes avec une bonne visibilité sur leur sortie. Là je me régale et j’ai
l’impression que ma moto y est aussi plus à l’aise, entre 3000 et 4500 tr
son moteur ronronne et m’emmène d’un virage à l’autre d’une simple
rotation de la poignée.
Lorsque nous
allons loin et que nous roulons entre 90 et 120 km/h, je suis toujours
étonnée par sa faible consommation : 4,5 l aux 100 !
Ses rares petits défauts, comme le point mort presque introuvable à
l’arrêt ou le levier de frein avant un peu dur à actionner, n’enlèvent
rien au plaisir qu’elle me procure lorsque je suis à son guidon.
Quant à son
esthétique, elle me surprend toujours aussi agréablement lorsque je lui
ôte sa bâche avant de la sortir du garage !!! |
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